8 Novembre 2012

Lancé en 2010 à l’initiative de Cpa-Cps et de la ville de Montreuil, le projet baptisé CUB (Comme Un Baobab) par ses futurs habitants est désormais sur les rails. Après 6 mois de travail régulier en ateliers et malgré les tribulations liées à la mise en route du PLU, la promesse de vente a pu être signée et le permis de construire déposé. Les futurs habitants ont conçu un projet humaniste à la fois réjouissant et exigeant, qui prône l’ouverture sur l’extérieur. Retour arrière sur les premières étapes, portrait de groupe et détails des chantiers en cours.

Le projet « 44 rue Hoche » a vu le jour en 2010, suite à un appel à projet pro- moteur- Le projet « 44 rue Hoche » a vu le jour en 2010, suite à un appel à projet promoteur-architecte lancé par la ville de Montreuil et remporté par Cpa-Cps et l’agence d’architecture Méandre. Au fondement du projet, la volonté de fédérer des habitants pour constituer un projet d’habitat groupé, dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par Cpa-Cps, dans le prolongement du projet Diwan (également situé à Montreuil). L’étude de faisabilité avait permis de définir le nombre de mètres carrés constructibles et comment optimiser l’utilisation de la surface disponible pour assurer l’équilibre de l’opération. Au-delà, tout restait à définir avec les futurs habitants en fonction de leurs attentes, de leur vision de l’habitat, de ce qu’ils étaient prêts à partager, à mutualiser, à expérimenter… Le tout encadré par des premières modalités de fonctionnement proposées par Cpa-Cps pour permettre au projet de s’engager. A quelques mois de poser sa première pierre, le CUB a solide- ment bâti ses fondations, en optant pour des choix radicaux et structurants en termes architecturaux et sociaux.

Un projet ouvert sur l’extérieur

Depuis les premières discussions entre les futurs habitants, la question de l’ouverture sur l’extérieur, et la traduction architecturale de cette ambition, ont constitué la ligne de force, et plus tard de fracture, du projet. Tous souhaitaient que le projet ait une identité marquée, à la fois dans ses objectifs et dans la manière de se matérialiser. Il ne s’agissait pas de faire un bâtiment anonyme et effacé, mais au contraire un signe de reconnaissance, au double sens du terme. Reconnaissance quant à l’opportunité donnée aux habitants de réaliser ce pro- jet en commun et hors du commun, et donc volonté d’en partager les bénéfices avec d’autres. Reconnaissance aussi du point de vue du bâtiment et du signal de sa présence, qui devait s’affirmer d’une manière joyeuse, colorée, accueillante. Ce principe d’ouverture se matérialise aujourd’hui à travers deux arbitrages majeurs : la présence d’un local collectif qui pourra recevoir du public (et notamment les associations du quartier) et l’intégration de logements qui seront acquis et gérés par un bailleur social pour y loger des personnes en difficulté (voir encadré page suivante).

Une première année chahutée

S’ils sont parvenus à construire un projet très fini dans ses principes et sa formalisation, les Cubistes n’ont pourtant pas bénéficié d’un contexte favorable. Premier faux départ en juin 2011, du à la mise en route du PLU (Plan Local d’Urbanisme), qui entrainera une interruption des ateliers pendant six mois. Nouveau démarrage début 2012, avec un groupe qui s’est reconfiguré dans l’intervalle, et une véritable dynamique qui s’installe entre la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre et un noyau dur de huit per- sonnes. Les ateliers sont programmés tous les mardis soirs : les premières esquisses sont présentées dès le mois de février, le projet est très vite baptisé CUB par les habitants qui se constituent en association éponyme, créent leur propre site internet et débattent sans concession de leurs ambitions. Mais nouveau coup d’arrêt en juin, alors que la signature de la promesse de vente du terrain vient d’être programmée, avec l’annulation du PLU par le tribunal administratif de Montreuil. Il faudra attendre septembre pour que le PLU soit de nouveau adopté par le conseil municipal, autorisant la signature de la promesse de vente. Quelques semaines plus tard, le permis de construire est déposé et désormais en cours d’instruction. Le passage de ces deux jalons marque une étape très importante pour les habitants, qui peu- vent désormais se focaliser sur d’autres sujets et notamment l’accueil de nouveaux participants.

Un groupe plusieurs fois reconfiguré

Beaucoup de changements sont intervenus entre juin 2011 et novembre 2012 et la physionomie du groupe n’est plus tout à fait la même… ni tout à fait une autre. Particularité d’une majorité de candidats : ils habitent déjà le quartier et y sont attachés. Ce sont eux qui vont constituer le noyau dur du groupe, qui résistera aux tensions internes et aux glissements de calendrier, première cause de défection… Les mutations et déménagements en province en constitueront une deuxième. Mais certains départs auront des motivations plus structurelles. Car au fur et à mesure des ateliers, des positionnements différents s’affirment quant au niveau de partage des espaces et à la présence de logements sociaux. Ceux qui décident de ne pas continuer l’aventure le font pourtant sans exprimer d’amertume. Et même en soulignant le caractère édifiant de l’expérience et le sentiment de ne pas avoir perdu leur temps. Récemment, les « Cubistes » ont souhaité marquer une pause avant d’accueillir de nouveaux postulants : pour formaliser des règles de vote, acter officiellement ce qui dans le projet était acquis et n’était donc plus négociable, constituer un « kit » pour la mise à niveau des nouveaux arrivants… Aujourd’hui le groupe est constitué de toutes les générations et de toutes les configurations : foyer avec enfants, foyer mono parental, retraités, jeunes couples ou jeunes célibataires. Sans en faire une fin en soi (l’adhésion au projet restant le critère essentiel d’intégration), son objectif est néanmoins d’essayer de préserver cette mixité générationnelle.

Participation d’un bailleur social : vers une mixité désirée

Depuis sa création, l’ambition de Cpa-Cps est de préserver la mixité sociale qui existe souvent dans les groupes constitués. Une ambition qui implique que les habitants éligibles au logement social puissent en bénéficier, même au sein d’un projet qui ne serait pas porté par un bailleur social… ce qui reste une gageure. Dans le cas du CUB, la question s’est posée différemment puisque les futurs habitants étaient tous des acquéreurs potentiels, avec des revenus dépassant a priori les plafonds sociaux. Il s’agissait donc d’aller plus loin et d’envisager l’acquisition, par un bailleur social, d’un ou plusieurs logements destinés à l’insertion de personnes en difficulté, dans le cadre de location à durée limitée. Cette hypothèse fut âprement débattue par le groupe avant d’être retenue. Elle dessinait une ligne de partage entre ceux qui attendaient du CUB qu’il reste un espace privé et ceux pour qui il devait être aussi un lieu d’ouverture et d’engagement, même si ce choix introduisait davantage de complexité et de risques. Du point de vue d’un bailleur social, le CUB offre des conditions très favorables à la réinsertion de personnes en difficulté, de par la taille très humaine du projet et la démarche très volontaire du groupe d’habitants. Reste que les futurs habitants comme le bailleur social sont conscients que ce qui fait la qualité du CUB fait aussi sa vulnérabilité, et qu’il faudra beaucoup d’attention et d’exigence de part et d’autre pour préserver sur le long terme l’équilibre du projet.

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