20 Avril 2016

L’émission Périphérie de France Inter est venue à la rencontre des habitants du CUB, en s’intéressant plus particulièrement à la cohabitation entre les propriétaires et les locataires d’Habitat et Humanisme. Retour d’expérience de Rafaèle, propriétaire, et de Farouk, locataire en insertion et mise au point sur le statut juridique du CUB.

« C’est tout une vie qui recommence dès qu’on a un toit »

Chauffeur livreur, Farouk a été longtemps sans domicile fixe, hébergé par sa famille, des amis, ou pire dormant dans sa voiture, avant d’être relogé par Habitat et Humanisme au CUB. « Ici, tout le monde participe, tout le monde écoute tout le monde, on vote. C’est comme un village, mais sans maire ». Qu’est-ce qu’un logement représente pour lui ? « Un logement, c’est pouvoir se trouver en soi-même : c’est toute une vie qui recommence dès qu’on a un toit, on peut avoir des projets ». Il paie entre 300 et 400 euros de loyer par mois, presque la moitié de ses revenus. « Mais je m’en sors, je ne me plains pas » tient-il à souligner. Et quand on lui demande pourquoi, à son avis, les copropriétaires ont décidé d’accueillir des logements sociaux : « C’est parce qu’il leur manquait quelque chose ». Pour autant, il n’a pas l’impression de leur être redevable. « Ici, je me sens protégé, je me sens chez moi. »

« Si la convivialité c’est avant-gardiste, c’est un peu inquiétant ! »

Professeur de philosophie, Rafaèle a rejoint le projet après avoir lu un article dans le journal municipal de Montreuil. Pour elle, habitat participatif, c’est presque un pléonasme : « de fait, dans l’habitat, il y a plein de choses que l’on partage : le jardin, les espaces. La différence, c’est qu’ici on le fait volontairement, de façon réfléchie. Juste avant que l’on arrive, il y avait eu des débats sur le fait d’accueillir du logement social, et ceux qui n’en voulaient pas sont partis. Les autres étaient d’accord pour partager, évidemment sans avoir aucun droit de regard sur les gens qui viendraient ». A-t-elle le sentiment d’être dans un immeuble avant-gardiste ? : « On est très en retard par rapport à plein d’autres pays. C’est un immeuble qui reprend à son compte des principes de convivialité. Alors si la convivialité est avant-gardiste, c’est un peu inquiétant ! »

Quand les médias préfèrent penser que c’est simple de faire des choses compliquées

Si l’attention portée par les médias aux projets d’habitat participatifs est une bonne nouvelle en soi, certains clichés ont la vie dure. Le journaliste de France Inter présente en effet le CUB comme une « Coopérative d’habitants » qui aurait construit son immeuble en autopromotion, un modèle juridique remis à l’ordre du jour par la loi ALUR… mais qui n’est pas celui au fondement du projet. Nous lui avions adressé un message rectificatif, en l’invitant à nous rencontrer pour lui expliquer le rôle joué par Cpa-Cps en tant que maître d’ouvrage. Dommage qu’il n’ait pas cru bon, ni de nous répondre, ni de corriger, sur le site internet de France Inter, le texte de présentation de la séquence, qui continue donc de véhiculer une information erronée. Une manière plus ou moins consciente de préférer, aux solutions pragmatiques pour lesquelles nous militons, une vision simpliste de l’habitat participatif… exactement ce qui participe de l’échec de certains projets qui s’en réclament.

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