8 Février 2022
Après deux ans de travail avec les futurs habitants, le permis de construire du projet « Chère Catherine » à Montreuil est obtenu et purgé de tous recours. Au-delà de la satisfaction d’avoir décroché le sésame réglementaire, c’est surtout l’esprit d’innovation et de solidarité dans lequel le projet se développe qui est réjouissant, à la fois pour les habitants, les architectes et Cpa-Cps en tant que maître d’ouvrage. Et si la période n’est pas idéale pour démarrer un chantier, entre problématiques d’approvisionnement et augmentation des coûts des matières premières, elle ne peut que conforter les habitants dans le choix qu’ils ont fait de se faire accompagner par une maîtrise d’ouvrage professionnelle, à qui revient la responsabilité de la construction.
Initiée par la Ville de Montreuil et la Soreqa, la démarche qui a permis au projet « Chère Catherine » de voir le jour est en train de tenir toutes ses promesses et une principalement : celle de l’intelligence collective. Car on pouvait s’interroger sur les probabilités qu’un groupe d’habitants tirés au sort (même si tous motivés par l’objectif de faire partie d’un projet d’habitat participatif) puisse s’accorder sur un projet architectural ambitieux, et faire preuve d’une solidarité y compris financière afin que chaque foyer trouve sa place au sein du projet et une réponse adaptée à ses attentes et ses moyens. Et au-delà, que les trois logements sociaux acquis par Caritas Habitat soient dédiés aux populations à mêmes de tirer le meilleur bénéfice de cette cohabitation (voir ci-dessous). Une gageure si l’on ajoute qu’avec seulement 10 logements en accession et une parcelle étroite, les contraintes atteignent leur niveau maximum, tant au niveau architectural que de l’équilibre économique… et qu’une grande partie des ateliers s’est déroulée en visioconférence. Bref, de quoi se réjouir des facultés d’adaptation de l’espèce humaine et d’un esprit de fraternité que Catherine Puig, la fée marraine du projet, n’aurait sans doute pas renié.
Un petit projet avec de grandes ambitions sociales
Bien que modeste par la taille, le projet « Chère Catherine » est ambitieux dans ses dimensions sociales, sur lesquelles les habitants ont travaillé avec Caritas Habitat, qui confiera la gestion de ses trois logements sociaux à une association partenaire. L’enjeu est d’identifier les populations accueillies pour lesquelles la cohabitation sera la plus profitable et viable, en fonction de leur degré d’autonomie et du niveau d’accompagnement proposé. Les associations qui avaient répondu favorablement aux sollicitations de Caritas - Aurore, Caracol et le Samu social - sont venues échanger fin 2021 avec les habitants : quand il s’agit d’accueillir des publics fragiles, à la croisée de problématiques multiples (déracinement, éloignement de l’emploi, rupture du lien social, santé…), il y a beaucoup d’idées reçues à dépasser et à peu près autant de préoccupations légitimes, aussi bien du côté des habitants que des associations. Pour ces dernières, le principe d’inconditionnalité de l’accueil en particulier est intangible, ce qui signifie très concrètement que les habitants ne seront pas partie prenante dans les procédures d’attribution. Mais le dialogue avec les associations sera permanent, et Cpa-Cps se donnera les moyens d’une évaluation dans la durée pour alimenter les retours d’expérience et accompagner les ajustements ou les évolutions des dispositifs d’intégration. Le choix de l’association et du projet qu’elle porte est encore en cours de discussion.
Le jardin, terreau de choix pour l’insertion
Avec ses 300 m2 de jardins collectifs en toiture et rez-de-chaussée, le projet « Chère Catherine » offre aussi d’autres opportunités de fertilisation croisée en matière sociale. La clause d’insertion prévue par Est Ensemble sera majoritairement appliquée à la création du jardin, confiée aux paysagistes de l’agence Wagon Landscaping, qui fera appel à une entreprise de l’ESS pour réaliser le projet, et pas seulement dans la phase de mise en œuvre. Le principe retenu est qu’elle intervienne très en amont, afin que les personnels en insertion participent à la conception du projet de jardin avec les habitants et le suivent dans la durée, contribuent aux activités une fois l’immeuble livré, et accompagnent à leur tour les jardiniers en herbe. Avec sa salle polyvalente ouverte sur le quartier qui aura vocation à accueillir des ateliers, animations, voire formations avec différents partenaires, « Chère Catherine » espère bien jouer un rôle fédérateur dans le quartier en devenir de la ZAC de la Fraternité.
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